Source: magazine Le Viquet n° 180
« Un site d’exception : les falaises et grottes de Jobourg »
Parlers et Traditions Populaires de Normandie
Un aménagement touristique ancien
On imagine qu’avant
l’aménagement de la descente par le Touring Club de France en 1907, les
Haguais descendaient déjà au pied de la falaise pour aller à la pêche à
la rocaille, pour « aller à gravage » récupérer ce que la mer
rejetait après les naufrages, voire pour acheminer les produits de la
« fraude », de la contrebande.
Le
Touring Club de France, dont le but était de développer le tourisme,
s’intéressa donc à ce site grandiose. Il aménagea sur le « Nez des
Voidries » un sentier avec des marches et posa sur tout le
parcours un câble en fil d’acier, à âme de chanvre (pour donner de la
souplesse), soutenu par des barres de fer scellées dans le roc afin de
permettre l’accès des touristes aux grottes.
Grâce à la descente aménagée avec un câble
par le Touring Club de France, les grottes de Jobourg étaient devenues
un but de promenade en famille pour les gens des environs. Les
autocaristes de Cherbourg proposaient à leur clientèle le tour de la
Hague, en y joignant quelquefois la descente aux grottes. On peut voir
sur les cartes postales du début du 20ème siècle en noir et blanc, des
personnes en tenue du dimanche emprunter ce sentier. |
Malgré une remise en état en 1923, une fissure de 35 mètres apparut au
début des années 1950 sur le flan de la falaise. La descente était
devenue risquée, ce qui n’empêcha pas des imprudents de s’y aventurer
et les accidents se multiplièrent. En 1960, les Autorités en
interdirent l’accès et un panneau « Danger de mort » fut
implanté au sommet du Nez des Voidries. C’est peu de temps après que Mr
Fauvel fit construire l’Auberge des Grottes, à proximité du Sémaphore
qui fut démoli en 1966.
Plus tard, fin 1992, dans
le cadre de l’opération Grand Site National, le maire de Jobourg de
l’époque, Louis Sanson, exprima au Préfet le souhait d’offrir à nouveau
une possibilité d’accès aux grottes. Il avait ajouté, s’adressant aux
journalistes: « Je serai intransigeant. Si le Département et
l’État refusent de participer, je m’impliquerai. »
La
fréquentation non négligeable qu’avaient connue ces lieux au début du
20ème siècle, comme en témoignent les nombreuses cartes postales de
cette époque, plaidaient en sa faveur.
Un nouveau départ
C’est en juin 1993, tout à
fait providentiellement, qu’un homme, Yves Cottebrune, ayant ses
origines dans la Hague à Auderville avec les familles Leparmentier qui
se sont succédées plus d’un demi-siècle aux commandes du bateau de
sauvetage de la SNSN à Goury, crée l’association « A la découverte de la Hague ».
Après avoir acquis une expérience d’une dizaine d’années en
spéléologie/escalade et consulté les Autorités, il met la découverte des grottes
de Jobourg au programme des randonnées
de ses adhérents. Il s’agissait, au début de cette aventure, de tester
la faisabilité de telles sorties pour un plus large public, pas
nécessairement initié à la progression sur ce type de terrain (rochers
en pied de falaise).
Au fil des ans, s’est rassemblé autour de lui un groupe de copains qui
ont constitué au final une équipe d’une douzaine de guides bénévoles,
expérimentés et compétents. Leur cohésion exemplaire ne peut que
rassurer les participants néophytes partant à la découverte de tels
itinéraires.
Il est heureux de noter que depuis la mise en place de ces sorties
encadrées, on n’a plus, comme autrefois, à déplorer d’accidents dans
les falaises de Jobourg.
L’association « A la découverte
de la Hague » est agréée « Jeunesse et Éducation Populaire »
et affiliée à la Fédération Française de Randonnée.
Des mesures conservatoires
Il
faut préciser que, pour ces sorties découverte, l’itinéraire emprunté
ne se fait plus par l’ancienne descente du T.C.F. et est tributaire des
marées (voir le programme des rendez-vous). Elles ne sont proposées que
de mi-juillet à fin septembre afin de respecter l’arrêté préfectoral du
6 janvier 1995. Cet Arrêté de Protection du Biotope tend à préserver
les caractéristiques du milieu naturel de ce secteur, considéré au
niveau national comme « lieu de passage et d’observation d’oiseaux
migrateurs: faucon pèlerin, cormoran huppé, goéland marin, fulmar
boréal et grand corbeau ». Cette zone est reconnue
comme « l’un des sites
ornithologiques majeurs de la région ».
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